Dr. Laure Menguene Mviena : « Le psychiatre est une personne normale ; il a également des problèmes de santé mentale »

Alors que le Cameroun, de concert avec les autres pays, a célébré la 138ème édition de la journée internationale du travail, le sous-directeur de la santé mentale au ministère de la santé publique du Cameroun, rappelle que le psychiatre a également besoin d’être en bonne santé pour bien accomplir sa tâche. Cet oublié parfois du monde du travail revient sur la journée de travail de ce professionnel de la santé, sur son quotidien et ses défis, sur la question de savoir comment fait le psychiatre pour échapper à des problèmes de santé mentale et enfin sur quelques conseils pratiques ou méthodes pour les psychiatre afin de rester efficace et professionnel dans le cadre de leur travail.

Question 1 : Comment se passe la journée de travail d’un psychiatre en clinique ?

Un psychiatre est d’abord un professionnel de la santé mentale donc un spécialiste du bien-être. Quand les personnes ont des problèmes de santé mentale (mal-être et/ou maladie mentale), elles viennent le consulter. Du coup, on a beaucoup de patients qui viennent en ambulatoire ou qui sont en hospitalisation à voir. Ce sont des journées bien remplies en clinique car malgré les problème de honte, de stigmatisation (etc), les populations viennent quand même consulter et le nombre est important.

Question 2 : Au quotidien, quels sont les défis qu’il faut relever aussi bien pour soi-même que pour l’ensemble du personnel (infirmier, etc.) quand on sait que le psychiatre lui-même peut être sujet à des problèmes de santé mentale ou être affecté par la situation des patients pris en charge ?

Comme défis, il y a le cadre qui n’est pas toujours approprié : la violence, le rejet, la stigmatisation, la marginalisation de ces personnes atteintes de maladie mentale peuvent exister. La société, les familles, ne les considèrent pas toujours comme des « malades ». Par conséquent, les patients ne reçoivent pas l’accompagnement, le soutien dont ils ont besoin. Ces personnes sont fréquemment abandonnées dans le service d’hospitalisation ou dans la rue où elles sont victimes de maltraitance physique, psychologue, etc.

Le personnel n’est pas toujours suffisant et la charge de travail est énorme.

Les difficultés d’approvisionnement en médicaments sont également à indiquer car les patients ou les familles n’ont pas toujours la possibilité de les avoir.

Nous notons quand même que malgré ces difficultés, une grande avancée est enregistrée dans tous ces secteurs grâce à plus d’implication des pouvoirs publics que nous remercions d’ailleurs. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, ces difficultés demeurent. Nous sommes toutefois confiants au vue de la résolution progressive de ces dernières.

Question 3 : Dans le prolongement de cette dernière question, comment le psychiatre fait pour échapper à des problèmes de santé mentale ?

Le psychiatre est une personne normale. Il a également des problèmes de santé mentale. Il faut préciser que, quand on parle de poblème de santé mentale, on veut parler soit du mal être (problème financier, professionnel, familial, perte d’un être cher, etc.) soit d’une maladie mentale (dépression, consommation de drogue, trouble anxieux, etc.). Le psychiatre lui aussi est concerné par ces problématiques. Nous disons toujours que TOUS le monde a des problèmes de santé mentale notamment le mal-être, mais tout le monde n’est pas atteint d’une maladie mentale. C’est ça la nuance.

Question 4 : Pour sortir, quel conseil ou méthode préconisez vous aux psychiatres pour rester efficaces et professionnels dans le cadre de leur travail ?

Comme pour TOUT le monde, on doit savoir que les difficultés font parties de la vie et sont là pour être surmontées pas nous décourager. Les difficultés existent dans toutes les spécialités. La priorité doit être le bien-être du patient. Il est important de mettre l’Amour au centre de notre pratique, amour qui veut simplement dire bonne communication, bonne interaction, solidarité, prendre soin de soi et de l’autre. Concernant ce dernier point, si nous ne prenons pas soin de nous-même, nous ne pourrons pas par conséquent prendre soin de l’autre. Soyons attentifs à ce que nous pensons, ressentons, à nos comportements pour être performants.

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