Le docteur Laure Menguene Mviena, psychiatre et sous-directeur de la santé mentale au ministère de la santé publique du Cameroun, donne des précisions sur des concepts dont l’observation des conséquences dans la société traduisent l’état psychologique des personnes qui en sont atteints.
Yaoundé, la Capitale politique du Cameroun, s’est réveillée dans l’horreur le 07 avril 2024 : Sylvie Louisette Ngo Yebel, journaliste et communicatrice en environnement travaillant pour la Commission des forêts d’Afrique Centrale (Comifac), a été retrouvée morte, le corps mis en pièces [et disposé dans deux valises, selon certains témoignages] au quartier Etoa Meki. Il s’agit d’un meurtre dont on ignore encore les véritables mobils. Il a suscité de l’émoi, il a ressuscité les cas identiques recencés ces dernières années dans ce pays d’Afrique centrale et il remet sur la table les problématiques liées à l’état mental des Camerounais. Il faut noter que ceux-ci, vivent déjà dans un état de violence aussi bien physique que psychologique. L’environnement politique, économique et social, qui fait peser des soucis de différents ordres, est présenté au quotidien par les médias comme particulièrement difficile et source de pression psychologique.
Que s’est-il réellement passé dans l’esprit du fils assassin, Bateg Yebel Landry actuellement en exploitation au Sed à Yaoundé, qui a mis un terme à la vie de sa mère ? Cette question attend des réponses. Seulement, il faut attendre les conclusions de l’enquête pour avoir le coeur net.
En espérant d’avoir des details, les spécialistes rappellent que le mal-être au Cameroun est hautement perceptible. Les effets beaucoup plus néfastes sont nombreux. Pour ceux-ci, il serait donc opportun de détecter le mal tôt pour limiter les affres et envisager une meilleure prise en charge.
Toutefois, dans un contexte où la santé mentale des citoyens est sans cesse fragilisée, il faut distinguer le mal-être de la maladie mentale, des notions qui semblent identiques, qui ne le sont pas en réalité, mais pourraient causer les mêmes effets : l’auteur du crime cité plus haut en est peut-être victime.
C’est dans l’optique de faire la lumière sur ces concepts que le Dr Laure Menguene Mviena apporte des éclairages pour en démêler les écheveaux et ouvrir à l’opinion publique la compréhension du fonctionnement de l’esprit humain.
Hervé Ndombong
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Interview
Dr Laure Menguene Mviena, psychiatre et sous-directeur de la santé publique au Minsanté
Question 1- Qu’est-ce que le mal-être ? Quelles sont ses caractéristiques et manifestations ?
le mal être est une tristesse inhabituelle, une angoisse, une perte d’intérêt ou de plaisir qui peut toucher tous les aspects de la vie d’un individu : la famille, le foyer, le travail, la vie sociale, etc.
Il survient souvent au détour de certains événements comme un deuil, une déception amoureuse, des problèmes financier, affectif, professionnel, social, etc.
Le mal être peut donner tous types de manifestations :
a- sur le plan physique : céphalées, insomnie, cervicalgie (nerf), douleur généralisée (toutes les parties du corps peuvent être concernées), gastrite, douleur articulaire, amaigrissement, prise de poids, etc.
b- sur le plan mental : Irritabilité, agressivité, maladies mentales (consommation de drogue, etc.), l’individu peut développer une hypertenstion arterielle (HTA), le diabète, un problème cardiaque ou rénal, (etc.) ou faire de rechute.
c- sur le plan médico légal : Irritabilité, agressivité, viol, vol, assassinat, meurtre, etc.
d- sur le plan social : Irritabilité, agressivité, stigmatisation, marginalisation, école buissonnière, échec scolaire, etc.
e- sur le plan économique : Pauvreté, baisse du rendement, sous développement, etc.
2- C’est quoi la maladie mentale et à quel moment peut-on déclarer quelqu’un atteint de maladie mentale ?
La maladie mentale est une affection qui touche la sphère intellectuelle, affective, comportementale et a des répercussions sur le plan socio professionnel et familial.
Ici, c’est le cerveau qui est malade et donne un certain type de manifestations.
Nous pensons que c’est un spécialiste qui peut déclarer quelqu’un atteint d’une maladie mentale ; mais tout le monde peut reconnaître un trouble du comportement, un comportement anormal. C’est la raison pour laquelle le Minsante à travers la DPS ne cesse de sensibiliser sur l’importance de consulter un spécialiste en santé mentale en cas de troubles du comportement.
3- Qu’est-ce qui créé la confusion entre ces deux termes et comment les différencier ?
Mal être et maladie mentale, normalement il ne doit pas y avoir de confusion. Pour parler de maladie, il faut des critères c’est-à-dire des éléments pour poser le diagnostic. Ici, c’est l’affaire des spécialistes ou professionnels de santé capacités. Le plus important pour la population, c’est de savoir que devant tout trouble de comportement, il faut consulter en premier lieu ces personnels.
4- Comment se font la prise en charge de ces pathologies ?
La prise en charge d’une maladie est fonction du diagnostic. C’est comme en médecine générale. Il n’y a pas un traitement standard. La prise en charge de façon globale est médicale, psychologique et psychosocial. D’autres intervenants peuvent également être associés.
Propos recueillis par Hervé Ndombong
Ndombong and my forest 